A deux c'est mieux

Du vent, du vent et encore du vent. Voilà la météo qui anime les journées de Stapleford Airfield. Un vent qui ne faiblie pas et qu'aucun relief n'arrête sur son passage. Un vent régulier qui souffle à 30 kt et qui ce matin est la cause de l'annulation de mon test mutli engine. La qualification de classe mutli engine se fait sur Piper PA34 Seneca et ce bon vieux fer à repasser est limité à 13 kts de composante de vent de travers. Et aujourd'hui ça ne passe pas. Colin, le head of training de l'école, me propose une date le lendemain à 10h que j'accepte volontiers.

10h le matin suivant, le vent a décidé de ne pas sortir le grand jeux, en revanche les nuages sont accrochés à 1 000 ft. Pas un problème pour partir faire une balade au dessus des champs de l'Essex mais une vraie contrainte pour s'adonner à des décrochages et positions inusuelles en Seneca. Nous décidons d'annuler à nouveau le test, les prévisions pour l'après-midi annoncent un plafond acceptable; nous nous donnons rendez-vous pour 14h.

14h, les nuages m'accordent 1 400 pieds de plus, cette fois c'est un go, Colin me lance "I want engines runing and all your checks done before I get on the airplane !". Oui le monsieur, ancien commandant de bord chez Ryanair, est plutôt du genre pressé. C'est aussi pour nous habituer aux contraintes de temps et ainsi démontrer notre capacité à faire vite mais bien. Ensuite il s'assied dans l'avion, ne dit plus un mot à part pour donner des indications en vue de l'exercice suivant et note des petits commentaires dans son porte documents sans broncher après chaque action. Technique très efficace pour semer le trouble dans l'esprit d'un élève pilote déjà sous la pression de son test : "Il prend des notes parce que j'ai merdé ou parce que c'est conforme ? ". Le monsieur, pointilleux, s'est fait une vraie réputation dans l'école et l'entretient à merveille. Si bien qu'il a donné lieu à un adage : "If you pass with Colin then you pass with everybody".

Qu'importe, me voilà parti avec mon passager pas très bavard pour 55 minutes de test en vol. Au menu du jour des succulents décrochages dans les configurations base et atterrissage, de délicieuses sorties de virages à grande inclinaison en montée et en descente uniquement avec l'aide de l'indicateur de virage, de l'altimètre, de l'anémomètre et du variomètre, puis des irrésistibles time-turn. Ensuite nous revenons au terrain pour un atterrissage normal via une approche en base main gauche pour la piste 22L. Ensuite il me demande une approche sans volets et pour finir en beauté, le dessert : panne moteur au décollage, circuit sur un moteur avec remise de case à l'ACL (Altitude Committed to Land) puis re-circuit sur un moteur et atterrissage. Non vraiment le bimoteur à deux moteurs c'est beaucoup mieux !

L'avion roule encore sur la piste, mon passager sort soudainement de sa torpeur : "My controls well done you passed !" Voilà mon passeport décroché pour l'IR-ME, instrument rating que nous ferons sur un avion doté de deux téléviseurs en guise de planche de bord : le Diamond DA42 G1000.


Quoi de plus naturelle comme immatricutation pour un examen.








Panne moteur et mise en drapeau de l'hélice.

Une fois n'est pas coutume, je m'octroie un petit moment de détente après cette journée bien chargée. Ce week end c'est le Southend Air Festival et c'est à peine à 40 minutes en voiture de Stapleford. De très beaux avions, des démonstrations superbes et un bouquet final offert par les Red Arrows d'une qualité exceptionnelle. God save the RAF !



Commentaires

  1. Good job, congrats ! Et bonne chance pour l'IR !

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  2. Très beau récit Albéric ! Ca donne envie, même si j'imagine qu'il ENORMEMENT de travail avant de passer ce test !
    Dis-moi on m'a dit qu'il fallait faire très attention sur le SENECA pour une histoire de Turbochargeur, le test pouvait devenir un cauchemar, qu'en penses tu ?

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  3. @ Air France One : Merci bcp !
    @ Max : Merci aussi ! Les Seneca de l'école sont à injection mais sans turbochargeur donc la manipulation est la même que l'Arrow. Si c'est le cas cela peut effectivement poser qq pb pour régler les paramètres moteur étant donné qu'il a de l'inertie à cause du compresseur qui est entraîné par les gaz d'échappement. Il lui vaut qq sec (genre 2/3sec) pour atteindre une vitesse de rotation stable. Le risque est donc d'afficher une valeur et de voir monter ensuite la MAP. Idem lorsque qu'on réduit les gaz, le compresseur a besoin de qq sec pour diminuer sa vitesse de rotation donc un risque de passer sous la valeur voulue. Du coup il faut être patient et faire les choses plus doucement ou anticiper en affichant une valeur légèrement inférieur ou supérieur initialement. Quoiqu'il en soit on prend le coup de main assez vite et ensuite je suis certain que n'y pensera même plus !

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