Positions inusuelles


Mûrissement toujours, aujourd'hui je m'attaque à la maniabilité et plus précisément aux positions inusuelles. Ce sont ces situations inhabituelles dans lesquelles le pilote peut se mettre par inadvertance, comme la vrille, le décrochage, le virage engagé ect. L'exercice du jour est donc de savoir en sortir et ne pas faire n'importe quoi face au stress qu'elles engendrent . Grâce à une liste de diffusion regroupant des pilotes de tout horizons (Pilotlist), j'ai pu faire la connaissance de Bertrand, un pilote de ligne et copropriétaire d'un avion bien connu des meeting aérien, j'ai nommé le Pitts .


Quelques échanges de mails et rapidement un premier rendez-vous est fixé le vendredi 17 septembre à Chartres (LFOR). Derrière la porte verte d'un hangar, un biplan petit mais costaud attend sagement qu'on vienne lui dégourdir les ailerons. Les 260cv sont lancés et après quelques tours de chauffe, le Pitts S2B, bien aligné sur la piste 10 et manette des gaz au tableau de bord, rugit sous la bienveillance des flèches de Notre Dame.

Accélération puis montée rapide afin d'éviter les problèmes de voisinage, la plate-forme est très sensible au bruit. Nous nous rendons vers l'axe de voltige tout en vidant un réservoir qui, rempli, ne nous permet pas de commencer les exercices du jour. S'ensuivent donc 20 min de pur bonheur à jouer à cache-cache entre les cumulus en virage à grandes inclinaisons. De la place avant on se croirait dans un petit chasseur de la première guerre. Une odeur d'essence se fait sentir, rien d'alarmant, Bertrand vient de passer sur le réservoir principal signe que nous pouvons débuter la séance. Il prends les commandes et me montre une première fois comment sortir d'une vrille. L'appareil pointe vers le ciel puis d'un coup, après une sollicitation au pieds et aux ailerons, se retrouve nez en bas en auto-rotation sur la gauche.


Manche au neutre, pieds à droite, enfin "là où c'est dur", la vrille est stoppée, il faut attendre deux petites secondes pour que l'avion retrouve une vitesse convenable, avant d'effectuer une ressource lente. En effet il serait dommage de réussir à sortir de cette mauvaise situation et décrocher l'avion en étant un peu trop pressé d'en finir. Et c'est justement sur ce point que je butte lorsque j'effectue ma première sortie de vrille. L'avertisseur de décrochage a tendance à se faire entendre lorsque je ramène le manche en arrière pour diminuer le taux de chute et ramener l'avion en palier. Le stress et le refus du sol ont une tendance naturel à vous faire tirer sur les commandes au lieu de rendre un peu la main. Nous enchaînons tout suite sur une deuxième puis une troisième vrille où cette fois il me demande de lâcher le manche et de sortir uniquement en utilisant les palonniers. Et ça marche ! L'exercice est impressionnant pour un pilote qui n'a jamais fait de voltige, et c'est justement mon cas. Ce qui est d'autant plus impressionnant c'est de prendre conscience qu'un départ en vrille en dernier virage est quasiment irrattrapable tant la perte d'altitude est importante. Les appels au secours stomacal viendront mettre un terme à la séance. Intégration dans le circuit pour la piste 28, en étape de base je rends les commandes et nous terminons par une superbe finale en glissage, sans quoi la visibilité vers l'avant est quasi nulle. Le moteur est arrêté à la pompe, l'avion part en compétition l'après-midi même pour tout le week-end.


L'expérience a été très enrichissante et quelque peu déroutante. A mon humble avis effectuer ces exercices devrait effectivement rentrer à nouveau dans la formation de base du PPL (Brevet de pilote privé) car, outre le côté grisant de voler à bord d'un bolide des airs, la leçon a un but ludique et pourra peut être aider le pilote à se sortir d'une très mauvaise passe.

Merci à Bertrand et à l'équipe de l'Association Pitts Voltige pour leur acceuil et la qualité de leurs conseils.

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