Ca plane à Valence



Voler, n’est-ce pas le rêve le plus audacieux auquel l'Homme n'ai jamais songé ? Rêve largement atteint et même surpassé aujourd’hui. Défier l'apesanteur devient « banal » pour le commun des mortels, prendre l'avion est aussi facile que de sauter dans un bus, ce qui est plutôt une bonne chose pour le transport aérien. Lorsque l'on apprend à piloter, il est important de comprendre les bases, les rudiments du vol, et d'emprunter le chemin de l'histoire en retournant aux sources de l'évolution de l'aéronautique. Et voler en planeur justement permet de comprendre un tas de choses fondamentales sur la mécanique de vol et l'aérologie, que les papes de l'aviation ont mis des années à découvrir. Dans l'optique de mon mûrissement avion, je me suis donc rendu dans la vallée du Rhône, à Valence, pour effectuer un stage d'une semaine avec une équipe d'instructeurs et de membres très sympathiques (volavoile.free.fr). Le stage se déroule sur 5 jours avec un briefing le matin et un vol l'après midi. Nous sommes deux élèves, ce qui permet une plus grande disponibilité de l'instructeur et donc un meilleur apprentissage. Avec ce dernier, nous avons défini le programme du stage; il sera axé sur la découverte de l'aérologie en plaine et près des reliefs, et sur la maniabilité. Sans oublier évidement toutes les spécificités liées au vol en planeur : remorquage, souci perpétuel de l'autonomie, approche et atterrissage.


La machine que nous utilisons est un Alliance 34, F-CJBG, un joli petit oiseau biplace de 15m80 d'envergure. Ce lundi il fait beau, les planeurs sont tractés jusqu'à la piste à l'aide d'une petite Polo à la retraite, puis nous nous équipons.


Nouveauté : le parachute et l'absence de casque pour communiquer ! Je m'installe à bord et effectue la checklist de sécurité, le CRIS, avant le début du remorquage. Verrière verrouillée, pouce levé afin avertir l'autre élève qu'il peut positionner l'aile du planeur à l'horizontale.


Le remorqueur, un Rallye de 180cv met les gaz, le câble se tend et le planeur commence à rouler. Michel, notre instructeur, s'occupe du décollage. Un planeur dispose généralement d'un train principal central doté d'une seule roue, d'une roulette de nez et d'une roulette de queue. Il faut donc maintenir le plan horizontal des ailes pendant le roulage, l'axe et l'assiette afin d'élever le planeur à quelques centimètres du sol, jusqu'à ce que le remorqueur ait décollé.



Quelques secondes après l'envol, Michel me laisse les commandes et me demande de bien suivre le Rallye. Pas évident du tout. J'ai du mal à trouver un point d'équilibre et mes actions correctrices sont beaucoup trop importantes. Plusieurs fois il reprendra le manche jusqu'au largage. Une fois la commande jaune tirée et le câble décroché, Michel se colle à la barre rocheuse dans un courant ascendant ce qui nous permet de gagner de l'altitude.


Il me passe les commandes à nouveau, je dois suivre la paroi. Le ressenti est incroyable, le fait de savoir que nous volons sans brûler une goutte d'essence est totalement grisant. On regarde à droite et à gauche ces deux grandes ailes blanches qui nous portent et on ne peut s'empêcher de penser aux oiseaux, et la liberté avec laquelle ils évoluent dans le ciel. Comme bande sonore, l'unique écoulement de l’air autour de la cellule, comme décor, le massif du Vercors...


La leçon se poursuit en plaine avec des recherches de pompes au voisinage des quelques cumulus égarés entre Valence et Roman. Nous avons même partagé une ascendance avec une buse, mais qui elle montait beaucoup plus vite que nous.


Après une vingtaine de minutes à se frayer un chemin, il est déjà temps de rentrer au terrain car d'autres élèves attendent leur tour. Avant d'intégrer le circuit de piste, il faut se rendre sur une zone de perte d'altitude.


Pour accélérer la manoeuvre, nous sortons les aérofreins quelques instants jusqu'à rejoindre l'altitude de 1500 pieds. Ensuite, nous intégrons le début de la vent arrière. En finale, les aérofreins sont sortis à mi-efficacité, nous déterminons un point d'aboutissement et ajustons la pente en rentrant ou sortant un peu plus les aérofreins. Enfin le F-CJBG touche la piste 01 herbe, glisse quelques mètres puis s'immobilise.


Ce vol a inauguré 5 jours de stage où j'ai beaucoup appris, à commencer par conjuguer... Pour les néophytes, en aviation la conjugaison relève de l'accord, comme dans la langue française, à l'exception près que ce ne sont pas des verbes mais des commandes de vol que l'on doit harmoniser. En virage par exemple, on utilise les ailerons pour virer à droite ou à gauche, mais aussi les palonniers et la gouverne de profondeur. Manipuler toutes ces commandes de vol en même temps revient donc à conjuguer plusieurs actions pour obtenir un seul et même résultat.

Et en planeur justement on redécouvre l'utilité de ses pieds et donc de la gouverne de direction afin de conserver une symétrie de vol parfaite. Ce travail permet de générer moins de traînée et donc de gaspiller moins d'énergie. (Ici de l'énergie potentiel de pesanteur étant donné qu'il n' a pas de moteur).

Le bilan de cette semaine est donc riche d'enseignements mais aussi en aventure humaine, car voler en planeur c'est passer beaucoup de temps au sol. Cela m'a permis d'échanger avec des personnes très diverses, de l'ancien commandant de bord sur Concorde au pilote du dimanche qui s'offre enfin son rêve d'enfant, vous savez ce rêve un peu fou de s'envoler...

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