Voyages au Nord


Merville, le 01 mars 2010

Voilà un moment que je souhaitais poser mes roues à Merville. Départ donc par une belle matinée via Pontoise et Beauvais. A l'arrivée je me faufile au bas de la tour pour saluer les contrôleurs. Nos anges gardiens avalent un déjeuner façon sandwich frites tout en donnant des clairances aux avions dans le circuit et sur l'aire de mouvement. Là-haut la vue est imprenable.

L'activité du terrain se laisse regarder comme un bon documentaire aéronautique. On aperçoit une foultitude d'avions parfaitement bien alignés, dans un état impeccable, des élèves pilotes en uniforme, des instructeurs, des mécanos dans tous les coins. Ici les opérations aériennes tournent au près serré. Une agitation saine qui laisse l'observateur contemplatif. Une voix me sort de mes rêveries : "Voilà 6 jours qu'ils n'ont pas volé alors ce matin il se déchaînent un peu" dixit un contrôleur en parlant des cadets d'Air France confiés à l'EPAG.

Je quitte mes hôtes après qu'ils m'aient gracieusement indiqué un poste informatique pour prendre la météo.

Après le décollage je souhaite monter au niveau 045. Mauvais choix. Quelques nuages disparates évoluent vers 3 000 pieds, j'évalue mal l'épaisseur de ceux-ci et tente de passer au dessus. Arrivée en fin de monté je me rend compte que je viens de faire une "connerie". Me voilà en espace aérien de classe E , à la limite de la classe D de Lille, avec une séparation par rapport au nuage qui ne correspond plus du tout aux minima imposés. Mauvaise évaluation et entêtement m'ont amené ici et il faut en dégager incessamment sous peu. Ni une ni deux j'affiche 500 ft minute au variomètre et passe entre deux cumulus pour rejoindre une altitude de 2 000 pieds.

J'appelle "Lille info" et rentre tranquillement à la maison pas très fier de ma manoeuvre.

Dieppe, le 02 mars 2010

Ce matin rien n'arrêtera le soleil dans sa course folle. Tous les spécialistes météorologiques sont unanimes sur l'évolution des conditions : ciel bleu toute la journée. L'objectif sera de rejoindre Dieppe en passant à l'est d'Evreux et Rouen. Jacques me rejoint sur le parking, quelques minutes auparavant je l'arrachais à ses oeuvres pour France DC3 avec une proposition très malhonnête mais difficilement déclinable. Nous mettons en route le PA28 et filons à 110 noeuds vers notre destiné de pilotes comblés. Comme à notre habitude nous ne parlons pas beaucoup, appréciant l'instant présent, sauf pour discuter de telle ou telle procédure à suivre. Nous attendrons que notre vieux mais fidèle destrier soit debout sur ses trois roues pour se raconter nos vies. La côte se dessine, mais le travail n'est pas terminé. Message radio, intégration, checklists, tenu de plan; "tu es trop haut". Puis posé en douceur, backtrack et roulage jusqu'au parking. La centième heure de vol vient d'être consommée !


Là aussi visite à la tour pour payer la taxe, un Robin roule jusqu'à la pompe. A bord un colibri, Nicolas, croisé lors d'un vol enneigé en décembre.


Dans un hangar attenant au parking un Cessna disgracieux remotorisé avec une turbine attend ses parachutistes.


Impossible de rentrer sans survoler la côte et s'en mettre plein les yeux. Nous nous délectons de ces falaises découpées au couteau et si fragiles, la mer semble les façonner aussi facilement qu'une vulgaire plaquette de beurre. Il est temps de s'engouffrer à l'intérieur des terres, tout est superbe, tout fonctionne parfaitement bien, nous sommes à 2 000 pieds quand subitement un avion de chasse traverse notre champs de vision à très grande vitesse sans crier garde. Je crois distinguer un Mirage 2000. C'est la stupeur dans le poste, le doute s'installe. Nous nous situons effectivement dans une zone militaire où des aéronefs évoluent très rapidement mais aujourd'hui elle est censée être inactive. Le doute persiste. Je demande à Jacques d'attraper les cartes qui indiquent l'activité de ces zones et il me confirme l'information. La coïncidence semble de taille. Le bolide a croisé à peine 1 000 pieds plus bas. Nous montons par précaution et contactons Rouen. La tour annonce effectivement l'évolution de Mirage 2000 à basse altitude et nous confirme l'inactivité de la zone. Le doute se lève, une logique surprenante en tout points !

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