On allonge le pas


04 octobre 2009

Tu voulais voir Deauville
et on a vu Bernay

Voilà une semaine que je n'ai pas volé, et il est temps de reprendre les commandes. N'ayant pas une destination de prédilection je me lance à la recherche d'un nouvel aérodrome, et qui plus est, avec un intérêt pédagogique. Il est déjà onze heure, le temps de préparer la navigation, de monter au terrain, et avec les jours qui raccourcissent, inutile de prévoir un trajet trop long. L'idée de se faire surprendre par la nuit et de ne pas pouvoir rentrer est en définitive... une très mauvaise idée. N'allons pas tenter le diable, et mon doigt s'arrête sur Deauville. Après un bref calcul, j'estime à 3h30-4h00 l'aller retour, arrêt pipi et acquittement de la taxe compris. D'accord mais il faut se mettre au travail tout de suite. Analyse de la météo avant de se lancer dans de grands projets : le temps est couvert mais la base des nuages est suffisamment haute, les conditions atmosphériques sont stables et la visibilité excellente. Au niveau des NOTAM (NOTice to Air Men) rien à signaler, et il n' y a pas de zones militaires actives sur ma route. Je réserve l'avion et prépare le vol. Aujourd'hui j'ai décidé d'emmener un passager.


L'emport de passagers lorsque qu'on est fraîchement breveté procure une charge de travail supplémentaire au pilote. Il est très difficile de prévoir la réaction d'une personne qui n'a jamais volé en aviation général. Et essayant de s'occuper du malheureux passager apeuré, le pilote peut en oublier de piloter l'avion. Immaginez maintenent qu'ils soient deux ou trois en état de panique... La situation devient très vite ingérable. Mais il n'y a pas que les passagers stressés qui augmentent la charge de travail. Une personne peut très bien supporter le vol mais poser des milliards de questions alors que vous êtes en pleine procédure d'approche et communiquant avec les services de contrôle. L'attention se divise, la concentration baisse et vous ratez une clairance. Le stress monte car l'avion avance et vous vous en êtes resté au message précédent. Vous faîtes répéter le contrôleur mais le trafic est dense et intercaler son message devient difficile. S'en suivent des oublis dans les items des check-lists et un atterrissage alors que vous n'y avez pas été autorisé, ou une mauvaise tenue des paramètres en approche finale, ou plus grave encore l'accident. Les instructeurs que je fréquente m'ont répété la même chose : commence par voler seul ou avec un passager en qui tu as confiance. Mon invité du jour et plutôt du genre calme et silencieux, il n'est pas pilote mais connaît l'aviation général pour avoir survolé la région bordelaise en DR400.

Il passe me prendre en voiture et nous prenons la direction de Toussus. J'ai pris du retard dans la préparation de la navigation et préfère changer mes plans. Exit Deauville et bienvenue Bernay, un terrain en herbe à quelques nautiques de notre destination initiale. Bernay abritait la société "Avions Mudry et Compagnie", le fabriquant du célèbre avion de voltige CAP10.

Un CAP10 au roulage

Pour ce vol nous emprunterons le N39953, il faut déplacer 2 appareils pour le sortir du hangar.



J'invite mon passager à suivre la visite prévol, nous demandons les pleins d'essence et nous nous installons à bord. Petit briefing sur le système d'ouverture de la porte, et rappel des règles de sécurité : "Bon si tu paniques tu te cramponnes à la casquette (partie supérieur du tableau de bord) et surtout pas au manche... les pieds bien en arrière pour ne pas bloquer les palonniers. Tu peux assurer l'anti-collision avec moi, 2 pairs d' yeux valent mieux qu'une ! "


Mise en route à 15h59 et décollage piste 25R.


Stabilisés à 1500 pieds, nous filons vers le nord-ouest avec du vent de face, notre machine peine à atteindre les 95-100 noeuds de vitesse sol.


Les nuages sont 1000 à 2000 pieds plus haut, pourtant l'air est calme, le silence règne dans le cockpit, nous contemplons le paysage. Mon passager se rend utile en me passant les cartes.




Contournement de Bernay par le sud, suivi d'une verticale du terrain à 2100 pieds. Un autre avion s'annonce également sur la fréquence et s'intègre dans le circuit d'aérodrome juste derrière nous.


En finale piste 28 avec du vent de travers occasionnant une dérive d'une dizaine de degrés.


Avion posé, nous faisons une pause sur le parking visiteur.


Une petite visite de l'aérocub et quelques rafraîchissements plus tard, il est déjà temps de repartir. Prévol, check de la météo avec un célèbre téléphone tactile américain et installation à bord.


Un CAP10 vient d'effectuer sa mise en route et s'apprête à rouler pour une séance de voltige.


Roulage par le taxiway bordant la piste pour le point d'arrêt 28.


Décollage et nous montons vers 2000 pieds, cette fois le vent est avec nous, l'avion croise à 120 noeuds de vitesse sol.



Déjà on aperçoit la Tour Eiffel dans le lointain, descente à 1500 pieds et contact des service de contrôles de Toussus-le-Noble. Ils m'autorisent, au vu du peu de traffic dans la zone, à m'intégrer directement en début de vent arrière 25 sans passer par les points de report obligatoires. Au moins 5 minutes d'économisées, sympa, je remercie les contrôleurs qui étaient dans la tour ce jour là.


Dernier virage, nous sommes autorisés à l'atterrissage sur la piste 25L, une fois l'avion posé je demande un backtrack (action qui consiste à remonter la piste dans le sens inverse du sens d'atterrissage afin de rejoindre une bretelle de sortie proche).


Mon passager visiblement content de la balade !


A bientôt pour de nouveaux vols.

Commentaires

Articles les plus consultés