Voler, voler , voler...


18 septembre 2009

Une navigation se transforme en vol local

Ca y est c'est parti, je commence le mûrissement avion en vue de me présenter avec 200h de vol et l'ATPL théorique en poche aux stage CPL (Commercial Pilot License) et IR (Instrument Rating). Un mûrissement où aucune minute dans les airs ne sera gaspillée. Pour cela nous avons défini avec mes instructeurs un programme qui permettra d'aborder différentes facettes du VFR. Avec un peu plus de 60 heures effectuées, il reste donc 140 heures de vol à produire cette année si je veux être fidèle au timing. Ces heures seront réparties de la manière suivante : 100h de navigation, 10h de vol de nuit, 10h de vol en montagne (attention je ne parle pas de qualification montagne mais découverte de l'aérologie en montagne), 10h de voltige afin d'aborder les positions inusuelles, et enfin 10h sur avion à pas variable et train rentrant pour me familiariser avec les machines complexes en vue du stage CPL. Tout ces chiffres sont bien entendu à titre indicatif et amenés à évoluer.


Bon, il est temps de mettre en route le PA28 160 cv immatriculé N39953 sur le parking du club. Destination du jour : Châtillon sur Seine, un petit terrain dans l'est au sud de Troyes à 1h20 de vol environ. Le ciel est couvert; la météo prévoit des éclaircies en début d'après-midi sur ma route. Seul point noir : la visibilité. Elle est bonne à Toussus (supérieur à 10km), les METAR et TAF de Troyes et Dijon laissent entendre que les bancs de brouillard vont se transformer petit à petit en cumulus vers midi. Des informateurs me renseignent sur le temps à l'arrivée : pas de brouillard, les nuages commencent même à se déchirer laissant apparaître un magnifique ciel bleu. Il est midi, je décide de partir. La visibilité est correct jusqu'à Dourdan, puis elle se dégrade passant à 6km au niveau d'Etampes. Le plafond (c'est à dire la base des nuages) descend à 1300 pieds sol, je demande une verticale terrain à cette altitude et continue vers l'est. La visibilité se stabilise. Je contact Seine Info histoire de ne pas me retrouver isolé de tout organisme en cas de pépin et la contrôleuse me donne un code transpondeur. L'avion avance bien, tout les paramètres sont dans le vert. Malgré un petit vent de face, mes points de report arrivent à l'heure prévue.


Passé Nemours la situation change franchement, et en quelques minutes la visibilité tombe. Difficile de l'évaluer mais je l'estime à moins de 3 km et le plafond chute à 800 pieds sol. Mes minimas de décision sont dépassés, je décide immédiatement de faire demi-tour.


Je me souviens d'une vidéo regardée la veille sur le site de IASA (Institut pour l'Amélioration de la Sécurité Aérienne) et d'une phrase de Xavier Portier, instructeur au SEFA (Service d'Exploitation de la Formation Aéronautique) :
"Réglementairement on peut voler avec 600 pieds de plafond et 1,5km de visibilité mais il faut être fou pour voler avec les deux en même temps."

La prise de décision du pilote: plafond / visibilité from IASA Institut on Vimeo.

L'homme explique qu'il faut se fixer des limites qui correspondent à son niveau, mais aussi à la connaissance de la topographie des lieux survolés. Dans ce cas je ne connais pas cette zone, visibilité et plafond sont passés sous mes minimas, le demi-tour est donc indispensable. J'informe Seine-info de la manoeuvre et rebrousse chemin. Je retrouve petit à petit des conditions acceptables puis excellentes. Je rentre à Toussus tranquillement. Tant-pis pour la navigation, le vol a été hautement instructif, maintenant je visualise mieux mes limites

Plus tard dans la journée le temps est devenu radieux, il y avait certainement un ciel magnifique derrière ce satané banc de brouillard mais pas de regrets, la meilleur des décisions est celle qui vous fait courir le moins de risque. Pour être honnête je pense que je suis même allé trop loin avant de décider d'annuler la navigation.

Commentaires

  1. Ça fait aussi partie du mûrissement que de se retrouver face à des situations comme celles-là. Bonne décision !

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  2. c'est clair
    bravo !
    ça me rappelle un petit moment de vol vers LFOO avec un "sac" en copi :o)
    jpréfère passer pour un con vivant que finir con au sol
    tu vas voir, tu vas en découvrir des situations inconnues ! c'est ça aussi le charme du murissement

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