L'appel des Alpes


Aéroport de Lyon-Bron 11h30 local

"Lima Novembre on est prêt au point d'arrêt 16"

"Lima Novembre alignez vous piste 16 autorisé décollage vent calme rappelez pour passer avec Saint Exupéry"

Le soleil brille sur la vallée du Rhône, un petit Robin prend la direction des Alpes...

Ce vol est né d'un ami rencontré sur mon lieu de travail, Fred, passionné de montagne et de photo. Il voulait réaliser un rêve : survoler les Alpes en avion ou en hélicoptère. Grâce au travail remarquable de Julien ce rêve a pu prendre le chemin de la réalité samedi 4 juin.

Aéroport de Toussus-le-Noble, 08h30 local.

La journée sera organisée de la façon suivante : je me chargerai des vols entre Paris et Lyon et Julien opérera pour la partie Alpes. Nous changerons d'avion à Bron car le PA28 n'est pas du tout adapté au vol en montagne. Aujourd'hui nous emprunterons le F-GIEE, un PA28-161 Cadet fraîchement arrivé la veille au club. Ce sera aussi l'occasion de tester les performances de l'avion utilisé ici en voyage.

Nous décollons à 09h00, le terrain est encore endormi mais la météo digne d'un mois d'août laisse présager un fort trafic à notre retour en fin d'après-midi. L'air est calme, l'atmosphère nous offre 2h22 de plénitude. Pas de vent, pas de nuages sur la route. Ces conditions, idéales pour notre périple, nous rendent euphoriques. Dimanche des orages sont prévus.



Passé les zones de Paris, en contact avec Seine Info, nous montons au niveau 055. Les 160cv du Lycoming ont bien du mal à nous emmener vers notre altitude de croisière mais une fois en palier le vol devient pur bonheur. Nous passons Montargis, puis Briare et les centrales nucléaires de la Loire à l'ouest. Ensuite vient Cosnes sur Loire et Nevers, toujours à l'ouest, avant de passer verticale du VOR de Moulin, puis du terrain St Yan et derrière la Bourgogne, les vignobles du Beaujolais.


Nous débutons notre descente vers 2000ft à partir de Villefranche-sur-Saône vers le point N, puis le contrôle nous autorise à une approche direct pour la piste 16.



Après l'atterrissage nous nous partageons les taches : Julien saute de l'appareil et prépare le Robin pour les Alpes, tandis qu'avec Fred nous nous occupons de remettre quelques litres d'Avgas dans les réservoirs du F-GIEE afin de ne pas perdre de temps pour le vol retour.


Après quelques minutes passées sur le tarmac de Bron, nous montons à bord du DR253, Julien met en route et nous roulons pour la piste 16. Fred s'est assis à l'arrière lui permettant passer à droite et à gauche de l'avion pour mitrailler la montagne. Il fait très chaud dans la cabine. Plein gaz, pas d'alarmes, les pressions sont corrects, le manche légèrement vers l'arrière permet à notre petit avion de s'élever dans les airs. Ensuite nous virons vers l'est en direction...du Mont Blanc !


Nous passons à la verticale de l'aéroport de Lyon Saint Exupéry, le trafic y est quasi inexistant à cette heure de la journée. Puis nous traversons le Rhône et atteignons le lac du Bourget au niveau du point WC de Chambéry. Au fond on distingue l'aéroport et sa piste qui donne sur le lac.



Ensuite nous survolons le lac d'Annecy et atteignons le plateau de la Tournette. Le manège commence quand Julien nous envoie un grand 360° autour du massif rocheux histoire de tester la résistance de nos estomacs. Apparemment bien arrimés (nos estomacs), les choses sérieuses vont pouvoir commencer.



Le vol se poursuit toujours dans un décor de rêve, nous croisons entre les Trois Aiguilles et le Mont Charvin. Le Mont Blanc se rapproche, colossal.


Avant d'entrer dans le massif Julien nous emmène quasiment au-dessus de l'altiport de Mégève. Il faut une qualification spéciale de site ou un qualification montagne pour se poser sur ce terrain.


Nous voilà au pied du Mont Blanc, nous nous engouffrons sur son flanc sud entre le Dôme de Miage et les Aiguilles de Bionnassay.




A gauche le Glacier du Dôme semble avoir été figé instantanément sur la roche.


Nous contournons le Mont Blanc sur son flanc est par un passage entre l'Aiguille Noire et l'Aiguille Blanche. Nous paraissons minuscules et tellement vulnérables au regard des masses rocheuses qui nous entourent.



Maintenant cap sur l'Aiguille du Midi, en contrebas nous observons des alpinistes certainement éreintés par leur ascension. Puis s'enchaînent un tour par la gauche autour de l'aiguille, puis un autre plus serré cette fois. Les touristes nous font des grands signes depuis l'observatoire du site, les installations perchées au sommet au milieu de nul part semblent surréalistes.



L'estomac de Fred assis à l'arrière commence à s'agiter mais il n'est pas au bout de ses surprises. Julien descend vers les Grandes Jorasses par le glacier du Mont Mallet, laissant sur sa gauche la Dent du Géant et l'Aiguille du Tacul; nous contemplons les énormes blocs de glaces quasiment sur le point de se détacher. Plus nous progressons et plus l'espace de manoeuvre se réduit. C'est là que j'apprécie l'excellent niveau de pilotage requis pour s'aventurer ici.




Julien execute deux 360° au dessus du glacier de Leschaux avant de revenir sur le glacier du Tacul puis de redecendre dans la vallée de Chamonix en frôlant la mer de glace.


Au-dessus de Chamonix l'estomac de Fred rend l'esprit : prise d'altitude trop rapide, manque d'oxygène et facteurs de charges importants ont eu raison de son organisation gastrique !
Mais "fairplay" oblige l'homme garde le sourire, un sourire de gosse qui vient de réaliser un rêve...



Il est maintenant temps de quitter nos montagnes et de se diriger vers Lyon-Bron.
Sur le retour nous passons au dessus du lac de Gittaz et son barage et du lac de Roselend, puis nous prenons la direction du massif de la Chartreuse.


Sous nos ailes successivement l'ancienne ville olympique d'Alberville, le terrain de Challes-les-eaux, le village de Saint-pierre de Chartreuse, le monastère de la grande Chartreuse, le lac de Paladru et enfin l'aéroport de Lyon Bron où Julien pose en douceur le DR253 sur la piste 34.

Le PA28 nous attend pour nous ramener vers Toussus. Je reprends les commandes pour cette branche, l'exercice de pilotage entre Lyon et Paris me semble bien ridicule comparé à ce que nous venons de vivre dans les Alpes. Manier un avion à proximité des reliefs est l'épreuve reine du pilotage, elle demande une maîtrise parfaite de son aéronef, une appréciation des distances et des volumes accrue et une très bonne connaissance de l'aérologie, si particulière au vol en montagne.

Le F-GIEE pose ses roues 2 heures et 8 minutes après avoir quitté la vallée du Rhône, nous rentrons l'avion dans le grand hangar 104 du club, fatigués par la chaleur écrasante et les 6h30 de vol accomplies mais.... heureux.


Et voilà le travail ! Merci à Julien pour sa disponibilité et à Fred d'avoir initié ce vol.


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