A nouveau en piste

Dimanche 31 janvier 2010

- Le ciel se dégage -

Avant tout veuillez pardonner mon silence depuis quelques semaines, l'ATPL théorique très chronophage et les météo très marginales des mois de janvier et février ont eu raison de mon inspiration !

Dimanche 31 janvier, air calme et ciel bleu, j'esquisse un large sourire et attrape ma sacoche de vol. Aujourd'hui j'emmène mon père découvrir le ciel accompagné de ma petite soeur. C'est une mini évènement, c'est la première fois que je partage le cockpit avec un membre de ma famille.

Aujourd'hui j'ai décidé de laisser au placard les navs ludique et pédagogiques liée au mûrissement. Objectif : faire simple, prendre du plaisir et profiter de mes proches. Direction Chartres, déjeuner et retour. Pas de stress, nous arrivons tranquillement au terrain, j'ai le temps d'expliquer quelques notions de mécanique de vol et de faire un petit briefing du trajet et des consignes de sécurité. Je ne ressens pas d'angoisse chez mes passagers alors je les invite à s'installer à bord. Je suis même surpris de la décontraction de ma petite soeur qui semble totalement acclimatée avec avec l'environnement : une future pilote en herbe ? Je lance donc le Lycoming 180cv du PA28 F-BVTF et roule pour la piste 25R. La tour nous donne l'autorisation de décoller, alignement et manettes pleins gaz, check pressions, check anémomètre, tout va bien, 65 noeuds, rotation, et nous nous élevons au dessous de la bande de bitume.

" Vous vous sentez bien ?"

"Pas de problème, c'est magique" me répondent-ils en coeur !

Alors je poursuis vers Chartres, nous nous intégrons devant 3 autres avions dans le circuit de piste. Il va falloir temporiser car le taxiway en bout de piste 28 est fermé, après l'atterrissage il faudra faire un 180° et sortir par le taxiway en début de piste 28 ce qui retardera le dégagement de celle-ci. En langage aéronautique international on appelle cette manœuvre "backtrack". Le terrain est en auto information, les pilotes reportent leurs positions sans l'intervention d'un service de contrôle ou d'information, et ce système très efficace fonctionne bien. Tous les avions se posent et dégagent sans problème, pas de remise de gaz.

Nous avalons un déjeuner dans le centre ville, et repartons vers Paris. L'air est toujours aussi calme et clair; l'air oui mais pas la zone de Toussus-le-Noble. Premier jour de beau temps depuis un moment alors forcement il y a du monde qui gravite autour de l'aéroport. Impossible de passer un message et donc de rentrer dans le circuit de piste. Je dois attendre 5 minutes au Nord de Dourdan avant qu'une contrôleuse me réponde "F-TF je vous rappelle", et puis plus rien... pendant 5 à 10 minutes. Si l'autonomie ne pose pas de problème (il reste bien 2h30), c'est cette zone où convergent beaucoup de trafics qui me déplais. Dourdan a déjà été le théâtre d'une collision en vol et il est hors de question que l'histoire se répète. Je préfère dégager à l'abri au Sud de la ville et "holder" en attendant qu'on me rappelle. Je demande à mes passagers de bien regarder autour d'eux et de me signaler tout trafic qu'ils apercevraient.

Et puis le contrôle fini par nous contacter et nous autorise à intégrer le circuit, définitivement mon record d'attente !

Une fois au parking j'éprouve un plaisir non dissimulé à faire bosser mon paternel, en lui faisant retirer la boue que nous avions sous nos chaussures à Chartres, et qui macule l'aile droite du Piper. Il n'a pas beaucoup tenu de balais dans sa vie mais il faut avouer que je suis satisfait du résultat !

Sur le chemin du retour je recueille leurs émotions, ils sont ravis et surtout très fatigués. Ma petite soeur s'endort sur la banquette arrière.

Quelques jours plus tard je reçoit un mail de mon père me félicitant et me témoignant de sa fierté. Une telle considération n'a pas de prix, j'étais vraiment impatient de lui faire partager ma passion, de lui montrer oh combien l'aéronautique était riche de tout et comme il était merveilleux de s'épanouir dans le ciel.