Magnificent - Vol en DC3

Vol en Dakota entre St Yan et Vannes

Mardi 21 juillet - Gare de Lyon.

Vite le train part à 16h01, pas une seconde à perde. A peine le temps d'accrocher ma moto et je me précipite voie 9, saute dans la voiture 6, mon aventure commence sur les rails direction St Yan, l'école des pilotes de ligne. 4 heures plus tard je suis à Paray-le-Monial, Jacques et Gabriel ont réussi à emprunter une voiture et m'amène au centre du SEFA (Service d'Exploitation de la Formation Aéronautique). Là nous avalons un copieux dîner dans le réfectoire avec l'équipe du Tour Aérien des Jeunes Pilotes (TAJP09). 



Il règne un parfum très aéro. Et comment ! Cette salle est remplie de pilotes avec des rêves plein la tête. Il y a également Jacques Aboulin, le directeur du centre, les commissaires du tour et les équipes logistiques. Le repas se termine, Gabriel nous donne RDV le lendemain matin à 7h30; décollage prévu à 9h00 pour Vannes, et en DC3 s'il vous plaît.



Jacques me donne la clé de ma chambre, j'hérite de la n°330 avec vue sur le terrain; tous les avions du tour sont soigneusement alignés sur l'herbe. Au fond le magnifique oiseau gris et bleu nous attend sagement. Comment vous témoigner la joie et le bonheur qui m'envahissent à cet instant précis. Je reste à la fenêtre à contempler ce spectacle, immobile en apparence mais divertissant pour celui qui sait l'apprécier, jusqu'à ce que la nuit plonge l'aérodrome dans l'obscurité. Plus un bruit.


Mercredi 22 juillet - St Yan.

6h30 le réveil sonne, c'est le grand jour. La nuit a été agitée, un énorme orage s'est fait remarquer jusqu'au petit matin. A présent la nature semble apaisée et le cumulonimbus s'évacue au Nord-Est du terrain. Un douche plus tard je rejoins Jacques et Gabriel pour un petit déjeuner. Le réfectoire est vide, toute l'équipe du tour est déjà en briefing pour le vol du jour. Nous nous dirigeons vers l'avion, sur le parking il trône fièrement, baigné dans la lumière du soleil levant. 



La scène est splendide et je reste un moment silencieux comme recueilli devant ce monument d'histoire. Quelques poignées de secondes plus tard nous somme rejoint par Fanny, une élève pilote de ligne au SEFA en fin de formation. Elle a préparé un dossier de vol béton avec la météo, les NOTAM et les AZBA du jour. La voie est libre mais pas pour longtemps, un front remonte du Sud-Ouest vers le Nord. 



Sans plus attendre Fanny et moi assistons Jacques pour la prévol. Une fois les hélices brassées, les cales, les caches pitots, les sécurités de train et les éclisses enlevées, nous chargeons les bagages. Nous montons à bord, la porte se referme et le voyage dans le temps commence.



Nos deux pilotes se mettent au travail dans le cockpit, Gabriel est PF et Jacques PNF. Les check-lists s'égrènent, la séquence de démarrage des moteurs est impressionnante. D'abord le droit puis le gauche; bientôt les 2 Pratt & Withney R-1830-90D de 1.200 cv tournent comme deux horloges suisses. Les freins sont lâchés et le F-AZTE roule vers l'aire d'attente 33R pour les essais moteur. Un Beech Baron 58 du SEFA s'envole devant nous puis la tour nous autorise au décollage. 8h45, les phares sont allumés et Gabriel pousse les 2 manettes des gaz. Toute la carlingue vibre et l'avion prend de la vitesse peu à peu. La roulette de queue décolle du bitume, 80 noeuds, le DC3 s'arrache de la piste accompagné d'un doux bruit de mécanique bien huilée. Le train rentre et avant de mettre le cap sur Vannes les pilotes ont prévu un passage bas au dessus de l'aérodrome. 


Gabriel pilote le DC3 avec beaucoup d'élégance et de simplicité et réalise la manœuvre sans artifices. Ensuite nous montons vers 2000 pieds QNH, l'avion atteint sa vitesse de croisière. Jacques prend congé de St Yan et appelle Moulin. Le type à l'autre bout n'est pas très aimable, il se trompe et nous autorise en vent arrière alors que nous souhaitons simplement transiter à la verticale du terrain. Pas un mot au sujet de l'avion, c'est quand même pas tout les jours qu'il voit passer des DC3 dans sa classe D ce bougre ! 

La navigation se poursuit, cartes sur les genoux, Jacques joue son rôle de copilote et affiche les fréquences. Ces deux là forment un équipage parfaitement équilibré, d'un côté le pilote de ligne emprunt de la rigueur qu'impose l'aviation commerciale, et de l'autre le fin stratège nourri au VFR. 



Nous sommes bientôt verticale Châteauroux et un airbus A320 fait des tours de piste. Avec Fanny nous nous relayons sur le Jump seat pour suivre le vol et les communications radio. Il y a beaucoup de bruit dans le cockpit mais la cabine est bien isolée. Et cette cabine justement, elle en a vu du monde. Installés confortablement, du chef d'état au simple passager civil, ils ont survolé la planète, là, sur ces sièges. Enfin pas exactement ces modèles car désormais ce sont 6 fauteuils first de B777 qui équipent la cabine.



Il est 10h21 local et la météo commence à se dégrader peu à peu. Nous passons Ancenis et au niveau de la Vilaine le plafond descend sérieusement. 500 pieds sol, Jacques suggère de suivre la rivière afin de rejoindre Vannes via l'océan. Gabriel embarque le DC3 dans un virage à gauche et nous voilà au dessus de l'eau cherchant à se frayer un passage dans ce mur de nuages. Jacques appelle Vannes, le plafond au dessus du terrain est de 1700 pieds. Incroyable, l'aérodrome est à quelques nautiques, nous avons peine à croire le contrôleur !



Gabriel demande une intégration en longue base main gauche 22 approuvée par le contrôle, et dans cette météo chaotique il mène notre monture jusqu'à son point de report. Soudain le plafond remonte et la pluie cesse, nous revenons à l'altitude du tour de piste. Tout s'accélère, les pilotes préparent la machine pour l'atterrissage. Volets et train sortis nous voilà en finale piste 22 à la vitesse d'approche. Au dessus de la bande de 1530 mètres les manettes sont ramenées en arrière, le F-AZTE touche l'asphalte et il décélère doucement. Nous dégageons la piste par le taxiway principal. 



Une équipe de 4 parqueurs nous attendent afin de placer l'avion pour le meeting du dimanche suivant. Nous roulons difficilement dans l'herbe grasse et humide, il faudra certainement un tracteur pour sortir le DC3 dans 5 jours. Nos pilotes aviseront plus tard car le travail n'est pas terminé, la check-list arrêt moteurs est soigneusement exécutée, les 2 Pratt & Withney jouent leurs dernières notes et se taisent. Tout redeviens soudainement comme avant, la machine à remonter le temps vient de s'arrêter. 

Nous descendons de l'avion, un petit comité d'accueil nous attends. Après une petite discussion sur le vol et la mauvaise météo bretonne, nous remettons les cales et autres flammes. La pluie commence à tomber, les grandes ailes du Dakota nous protègent. Bientôt Tharcise vient nous chercher et après un bref passage à l'aéro-club, nous nous retrouvons tous chez lui. Tharcise et Christine, son épouse, sont des personnages hors du commun. Fanas d'aviation, ils habitent un Air Park et vivent leur passion à 300%. Je n'avais jamais mis les pieds dans un habitat de ce genre et il faut avouer que ça a beaucoup de charme. Siroter un apéritif au salon avec vue sur les avions du hangar attenant, voilà une situation peu commune... Tharcise possède aussi un collection impressionnante de maquettes, l'occasion pour Gabriel et Jacques de se livrer à un petit jeu de devinettes. Il ne s'agit pas de rivaliser avec ces deux encyclopédies aéronautiques ambulantes, ils nous mettent à l'épreuve et nous séchons sur le Bristol Brabazon et le Saro Princess ! 

Un peu plus tard nous sommes rejoint par l'ami de Fanny, un pilote formé à St Yan, nous parlons de la mauvaise conjoncture économique et ses effets sur le secteur. Il nous explique qu'il est difficile, même pour un cursus ENAC, de trouver un job en place droite dans un cockpit en ce moment. Pas encourageant pour la suite... La journée se termine autour d'une bonne bouteille de cidre brut à Locmariaquer où nous contemplons en simple terrien le golf du Morbihan.

Jeudi 23 Juillet - Vannes.

Je me lève un peu l'âme en peine, mon aventure s'achève et le devoir m'appelle. Je prend congé de nos hôtes et de nos pilotes. Je ferai la troisième et dernière branche de mon voyage sur les rails, non sans une certaine frustration mais qu'importe, j'ai volé en DC3 ! 

"Paris Montparnasse terminus tout le monde descend"



PS /// Je tenais à remercier Gabriel et Jacques, Tharcise et Christine pour leur accueil chaleureux, le F-ATZE et les mécaniciens qui maintiennent ce petit bijou en état de vol.

Le site de l'association : http://francedc3.com/

Commentaires

  1. Chouette récit et belles photos, ça me rappelle mon vol à bord de F-AZTE il y a peu... :-)

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  2. tixa a dit : de bons souvenirs des DC3 et DC4
    avec mes parents nous voyagions dans les années
    1950/1960 au Congo dans ces avions.

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  3. Quelle chance d'avoir pu voler aussi en DC4, cette machine est vraiment très harmonieuse et doit certainement être un bonheur à piloter !

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